A 25 ans, Omar Wade a déjà traversé pas mal de galères. De Saly au Sénégal, où est implantée l’académie Diambars, à Drancy, où il joue désormais ; en passant par Lille, son premier club pro, la Turquie, la Belgique, Carquefou, Sochaux, Anvers… L’international sénégalais Omar Wade rêvait d’une carrière mieux tracée, plus ambitieuse aussi. Parce qu’il a été mal conseillé, il est pourtant resté au bord de la route. Il tente aujourd’hui de ne penser qu’au plaisir du jeu, sur les pelouses de CFA.
Pour agentfootball.fr, Omar Wade, ancien pensionnaire du Losc revient sur son parcours, à la fois atypique et tellement banal dans le monde du foot. De nombreux joueurs étrangers, souvent africains, arrivent en fin de contrat et se retrouvent livrés à eux-mêmes dans un pays qui n’est pas le leur. Le manque d’accompagnement est une réalité qui peut briser bien des carrières. Témoignage.
« Je ne suis pas arrivé à Lille au bon moment »
« Je suis arrivé à Lille en janvier 2009, directement du Sénégal. Comme nous étions à mi-saison en France, j’ai évolué avec la CFA jusqu’en juin. Ensuite, je suis parti en vacances et quand je suis rentré, j’ai signé un contrat pro avec Lille. J’ai fait la préparation estivale avec le groupe, quelques matchs amicaux puis quelques apparitions dans le groupe. Mais à l’époque, faire jouer les jeunes n’était pas la priorité du club. Il y avait beaucoup de concurrence, des joueurs comme Moussa Sow, Pierre-Alain Frau, Tulio De Melo etc… Je ne suis pas arrivé au bon moment en fait, le club jouait le haut de tableau et a même fait le doublé en 2011. Ce n’étaient pas les bonnes années pour les jeunes. Aujourd’hui j’aurais plus de chances de jouer dans un club comme Lille mais c’est comme ça, on ne choisit pas ».
« J’ai bien galéré quand même »
« Je suis arrivé en fin de contrat en juin 2013. Je n’avais pas joué beaucoup sous le maillot lillois donc je m’attendais à cette issue, j’avais même demandé à partir. Avant ça, j’avais été prêté en Turquie. Ils m’avaient repéré durant un match avec la sélection nationale du Sénégal. Ça s’est bien passé, ils voulaient même me garder. Mais comme j’appartenais à Lille, j’avais voulu rentrer. Ensuite, j’ai été prêté à Mouscron mais je me suis rapidement blessé malheureusement. Enfin, il y a eu un nouveau prêt à Carquefou. Ça a été dur à vivre, évidemment, mais c’est comme ça. J’ai bien galéré quand même, je ne pensais qu’à ça. C’était une période vraiment difficile ».
« Une seule personne m’a tendu la main »
« A partir du moment où je n’étais plus sous contrat à Lille, plus personne ne s’est intéressé à moi. Que ce soit pour le foot ou mes papiers personnels, je me suis retrouvé livré à moi-même. Une seule personne m’a tendu la main, le patron de l’ancien restaurant lillois Le Toucouleur. Il m’a hébergé quelques temps. Tous les autres m’ont laissé tomber. Je n’ai jamais eu de vrai agent sportif, en fait. Je venais de l’académie Diambars, comme Pape Souaré et Idrissa Gueye, et on était pris en charge par Diambars France. Ce sont eux qui géraient nos carrières respectives. J’ai voulu être honnête, respecter les accords et au final, c’est moi qui me suis fait avoir. Une fois les commissions encaissées, je n’ai plus entendu parler d’eux. Si j’avais eu un vrai agent, je pense que ma carrière aurait pu être différente ».
« Il me faudrait peut-être un vrai conseiller, qui puisse redonner un souffle à ma carrière. »
« Je suis rentré me ressourcer avec la famille »
« Je suis rentré au Sénégal me ressourcer avec la famille et les amis d’enfance. Moralement, ça m’a fait beaucoup de bien. Là-bas, je me suis entraîné avec l’académie Diambars pour garder la forme puis je suis revenu en France car mon titre de séjour était toujours en cours de validité. Je suis retourné à Lille, je me suis entraîné près de chez moi. J’ai fait un essai à Sochaux, qui s’est bien passé mais ils ne pouvaient pas me prendre avant décembre. Du coup, je suis allé à Anvers ; pareil, ils m’ont dit qu’ils voulaient me prendre mais qu’ils n’en avaient pas les moyens dans l’immédiat. C’était en décembre 2014. Ils ont repoussé encore et finalement, ça ne s’est pas fait ».
« J’ai retrouvé le plaisir du terrain »
« J’avais de la famille sur Paris donc j’ai quitté le Nord. Aujourd’hui, je joue à Drancy, en CFA et franchement, j’ai retrouvé le plaisir du terrain. Je joue, j’ai marqué quelques buts, ça fait tellement de bien (à l’heure ou nous écrivons ces lignes, Omar à déjà inscrit 5 réalisations et est meilleur buteur du club). J’ai la chance de pouvoir vivre de ma passion, j’en profite. Mais j’ai 25 ans, je suis en forme et je me sens prêt à jouer plus haut. Il me faudrait peut-être un vrai conseiller, un agent qui puisse redonner un souffle à ma carrière. En tout cas, moi je suis prêt à relever le défi. Si j’étais encore à Lille aujourd’hui, j’aurais sans doute eu ma chance. Mais ce n’est peut-être pas terminé… ».
Agentfootball.fr remercie chaleureusement Omar Wade pour sa disponibilité et la qualité de son témoignage. Et lui souhaite bonne continuation pour la suite de sa carrière.