L’affaire Serge Aurier est une sortie de route qui ne doit pas balayer d’un revers de la main les aspects positifs de l’utilisation des réseaux sociaux comme outil de communication pour les sportifs de haut niveau. Chez les footballeurs, le moindre dérapage, prend des proportions parfois délirantes dans un sport ultra-médiatisé. Pour tirer les bénéfices des réseaux sociaux sans tomber dans les pièges tendus par la toile, deux actions sont nécessaires : la prévention, et ce dès le centre de formation, et l’accompagnement par des professionnels.
Dans la carrière d’un joueur, l’image tient une place importante et il est primordial de ne pas négliger cet aspect. Agentfootball.fr vous propose un éclairage sur l’apport inéluctable des réseaux sociaux s’ils sont parfaitement maîtrisés et encadrés.
1 – Pourquoi être présent sur les réseaux sociaux ?
L’impact des réseaux sociaux est tel qu’ils sont devenus incontournables dans la vie de tous les jours. Ce qui vaut pour le grand public vaut aussi pour les sportifs de haut niveau. Et l’affaire Aurier est une erreur de parcours au cœur d’une toile qui reste plus bénéfique que toxique pour ses utilisateurs. Personne ne peut obliger un joueur à débarquer sur Twitter ou Instagram, évidemment. Et cela ne sert à rien de le convaincre d’ouvrir un compte s’il n’a pas saisi l’intérêt de la démarche. « Quant aux réseaux sociaux, il y a plusieurs typologies de sportifs répartis en 2 segments : les digitaux natifs, et les immigrants digitaux (ceux qui ont grandi avec un smartphone, et ceux qui ont acquis un smartphone à l’âge adule). Il faut donc déjà établir le profil sociologique du joueur, ses motivations, ses connaissances, son implication, ses objectifs, et les ressources qu’il compte y attribuer. De nombreux sportifs veulent simplement être digitalement présents parce que les autres le sont, peu importe que cela soit bien fait, ou non. Cependant, si cette présence est non optimisée, elle ne comporte que peu d’intérêt et accroît le risque de dérives ou d’une sous-utilisation qui peut également-être perçue comme de l’impopularité voir de la bêtise, confirme Andrew Fiducia-Stuart, expert en communication. À contrario, accompagné par une véritable équipe d’experts en communication digitale, un sportif peut faire vivre a son public des expériences inoubliables, augmenter son capital branding, devenir une icône du club ou de la région, un réel influenceur et dégager des revenues supplémentaires. Pour cela, il doit s’impliquer et comprendre quels sont les avantages d’une présence digitale et les objectifs à court, moyen et long terme. Peu de joueurs veulent parler de reconversion sportive, ils sont dans l’éphémérité imposé par le football, et ont peur du long terme. Pour nombre d’entre eux, la vision s’arrête publier des photos sur Facebook ou encore Instagram et espérer gagner en notoriété. Ils n’ont pas compris que les réseaux sociaux permettent de brasser en volumétrie, et que ce n’est qu’un tunnel d’acquisition fragile et temporaire, et en aucun cas de la transformation. La suite n’est qu’une histoire de vision stratégique de la part du joueur et de son conseiller … ».
Sébastien Bellencontre a lancé l’agence 4Sucess en juin 2012. Son premier client, Anthony Réveillère, avait 33 ans à l’époque et ne s’intéressait pas vraiment aux réseaux sociaux. Alors, comment convaincre un joueur qu’il faut s’y mettre, non pas pour faire comme tout le monde mais, paradoxalement, pour se démarquer des autres ? « L’un des axes est de créer un lien direct avec les fans et c’est un aspect non négligeable à une époque où le monde du football apparaît renfermé sur lui-même, explique-t-il. On dit souvent que le footballeur est déconnecté de la réalité. Ce contact avec le grand public ne peut être que positif. Ensuite, c’est un moyen de communication sans filtre journalistique, qui permet de s’exprimer directement et ainsi rétablir la vérité ou apporter des précisions si besoin. Enfin, ces deux axes en entraînent un troisième : le business. Les réseaux sociaux sont devenus un nouvel outil marketing dont le but est de monétiser son activité digitale ».
2 – Comment prévenir plutôt que guérir ?
Tout ce que l’on vient d’évoquer n’est vrai que si l’utilisation des réseaux sociaux comme outil de communication est entièrement maîtrisée. Ce qui a fait plonger Serge Aurier, c’est d’abord un manque de lucidité et de connaissance face à la fonction d’une application comme Périscope, qui retransmet des images en direct sur Twitter (lire l’article : Affaire Aurier, comment gérer l’entourage d’un joueur).
Jean-Michel Vandamme, directeur adjoint général du Losc, détaille dans les colonnes de France Football : « C’est comme un marteau, ça peut être un fantastique outil de travail mais de l’autre côté, vous pouvez fracasser la tête d’un mec ». Face à ce constat, un club comme Lille accompagne ses jeunes joueurs quelques heures par an, dans son cursus de formation. Il y a quelques mois de cela, l’un d’entre eux a été convoqué et recadré pour une série de tweets gênants sur sa vie privée. « Il est de notre devoir d’anticiper, d’accompagner et de prévenir plutôt que de guérir, poursuit Vandamme. On ne règlera pas tout mais on essayera de limiter certaines choses ».
De la prévention dès le centre de formation, cela paraît inéluctable. Ensuite, c’est sans doute aux agents que revient le rôle de conseiller les joueurs sur l’utilisation des réseaux sociaux et à l’agence de communication de prévenir le sportifs de risques et pièges des réseaux sociaux. Mais pour cela, faire appel à des professionnels permet d’éviter de faire des erreurs et de tomber dans certains pièges.
3 – Pourquoi se faire accompagner par des pros ?
Il n’y a pas de doute à avoir sur la nécessité de se faire accompagner par des professionnels. C’est le seul moyen pour tirer profit des réseaux sociaux et éviter tous les pièges qui se présentent. Le footballeur est sur le terrain, l’agent sportif gère la carrière sportive du joueur, aucun des deux n’est formé pour gérer les réseaux sociaux, que ce soit en cas de « crise » ou simplement pour optimiser l’utilisation de ces outils au quotidien. La surveillance ne doit jamais être relâchée, c’est un métier à part entière qui nécessite des compétences spécifiques.
Mais le choix du professionnel est évidemment important. Comme partout, il y a les bons et les mauvais. « Attention à ceux qui travaillent dans leur intérêt et non celui du joueur, prévient Andrew Fiducia Stuart. Le joueur n’est pas un produit mais une personne physique composée d’un ensemble de palettes émotionnelles. ».
L’agence devra donc travailler la personnalité du joueur afin de ne pas tromper le public. Un joueur comme Raphaël Varane, par exemple, a souvent été raillé pour ses tweets trop lisses. Mais cela ne doit pas être généralisé. « Le web permet d’obtenir de la data, il faut la collecter, et l’analyser afin d’autopsier son public : qui, quoi, pourquoi … et par la suite calibrer les messages en effectuant des tests, bien évidemment en adéquation avec l’état d’esprit du sportif, et de son club », précise encore Andrew. « On travaille avec le joueur pour être proche de sa personnalité et coller à son image, indique Sébastien Bellencontre. On sait que le public n’est pas dupe mais notre priorité est d’être le plus authentique possible”.