Si certains joueurs peinent à réussir leur reconversion, Brahim Thiam n’a lui pas connu ce souci. L’ancien footballeur s’est en effet parfaitement mué en consultant, lui qui officie à ce poste pour beIN Sports depuis 2012. Avec succès donc, l’ancien international malien (11 capes) commente des matches chaque semaine.
Une suite logique pour l’homme aujourd’hui âgé de 43 ans qui, dans son passé de footballeur, a évolué entre autres à Levante, Malaga, au Red Star, à Istres, Caen, et Reims. Un parcours bien rempli qui lui a permis de connaître le milieu des agents de joueurs, et de se faire une idée bien précise de la profession d’agent sportif.
Quelles ont été ses expériences avec les agents sportifs ? Quel regard porte-t-il sur ce métier ? Quels sont ses conseils ? Pour agentfootball.fr, Brahim Thiam dit tout.
Durant votre carrière de joueur, quelle a été votre relation avec les agents de joueurs ?
« Etant basé sur l’affectif, il était important pour moi d’avoir confiance en la personne dans la loyauté, dans l’échange. Il y a un contact qui s’établissait de façon à entrevoir une relation de travail mais avant tout une relation de confiance. Ca a toujours été mon leitmotiv ».
Quelles ont été vos expériences avec les agents sportifs ?
« Dans mon parcours, je n’ai pas connu beaucoup d’agents. J’ai eu à gérer des situations tout seul dans certains clubs. J’ai eu au total 3 agents. Un premier au tout début de ma carrière avec lequel je n’ai pas eu de problèmes particuliers. Un deuxième que j’ai eu plus par commodité que par nécessité de travail. Par contre, la troisième expérience a été mauvaise ».
« Il faut être capable de dire au joueur quand ça ne va pas, ne pas avoir peur de se le mettre à dos. Dans le cas contraire, c’est faire du clientélisme et ce n’est jamais bon. »
Que s’est-il passé ?
« J’étais au Red Star, en 2000, après la demi-finale de Coupe de la Ligue. La moitié des joueurs sont partis alors que le président de l’époque m’avait assuré qu’ils allaient rester. Ca m’a fatigué, j’ai donc voulu partir. Pour me donner des chances de partir, je prends un agent, Fabrice Poullain. J’ai alors l’opportunité d’aller à Crystal Palace qui veut me voir pendant 15 jours à l’essai. Le président me dit qu’en cas d’opportunité il me laissera libre pour services rendus.
L’Angleterre me convenait parce que je pouvais mettre des coups à tout le monde (rires). Je fais un match d’essai, je fais deux mi-temps exceptionnelles en marquant même du milieu de terrain ! Au bout de 15 jours, le club me dit qu’il me veut. Mon agent sportif vient, on négocie, je laisse faire. Je repars content car j’ai une proposition de deux ans et 200 000 francs à l’époque. Je rentre à Paris pour faire ma résiliation… Et il s’avère que le président du Red Star, de connivence avec mon agent, se sont dit qu’ils allaient prendre un petit billet au passage et se verser un pourcentage en transfert. Du coup, je n’ai pas signé et, ensuite, j’ai géré mes transferts seul ».
Quel regard portez-vous sur la profession d’agent sportif ?
« Je trouve que c’est une fonction passionnante. J’ai des potes agents, donc je discute avec eux. Au-delà des affaires, le métier d’agent de joueur nécessite un gros travail en amont. De la communication, de la prospection, de l’accompagnement du sportif… Il faut faire un suivi, entretenir le relationnel. Chacun a sa définition mais pour moi, un bon agent sportif fait de l’accompagnement et conseille le joueur. Il faut être capable de dire au joueur quand ça ne va pas, ne pas avoir peur de se le mettre à dos. Dans le cas contraire, c’est faire du clientélisme et ce n’est jamais bon ».
Quels conseils donneriez-vous à des jeunes joueurs qui recherchent un agent ?
« Le conseil, c’est de se poser la question de savoir pourquoi ils ont besoin d’un agent. C’est un peu comme quand on veut une femme, on veut une personne qui correspond à nos critères. Un agent, c’est pratiquement comme une deuxième femme. L’agent doit connaître ta vie, doit avoir un affect, une sensibilité avec toi et ta famille. L’agent ne doit pas être là juste pour regarder ton match et te faire signer. Ce n’est pas ce que j’ai aimé dans mon passé de joueur, il faut une confiance réciproque. Il ne faut pas mettre son cerveau sur arrêt et laisser les autres décider à ta place. Le choix, c’est le joueur qui doit en avoir la primeur ».
Agentfootball.fr remercie chaleureusement Brahim Thiam d’avoir pris le temps de nous éclairer sur sa vision du métier d’agent de footballeurs. Pour suivre Brahim Thiam, rendez-vous sur Twitter @thiam_brahim.