Son emploi du temps est bien chargé. A la fois chroniqueur sportif et agent de joueurs, Pierre Ducrocq, ancien milieu de terrain du Paris Saint-Germain (de 1994 à 2002 : 145 matches, 3 buts), endosse une double casquette qui semble lui aller à merveille.
Jonglant entre la profession d’agent de joueurs et celle de consultant, celui qui officie dorénavant dans le groupe SFR après avoir démarré sur France Bleu ne compte pas ses heures mais semble apprécier cette double vie. A 40 ans, Pierre Ducrocq est donc ce que l’on appelle un homme pleinement épanoui.
Comment est-il devenu agent de joueurs ? Pourquoi avoir, en parallèle, entamé une carrière dans les médias ? En quoi cette double casquette lui est-utile au quotidien ? Pour agentfootball.fr, il nous dit tout.
Pierre Ducrocq, comment êtes-vous devenu agent de joueurs ?
« J’y ai pensé 2-3 saisons avant de finir ma carrière. Déjà, au Havre, je négociais tout seul mes prolongations de contrat avec le président Jean-Pierre Louvel. Quand je suis parti ensuite de Strasbourg direction la Grèce, j’ai négocié seul ma sortie de Strasbourg. En Grèce, pareil, j’ai négocié sur place ce qu’il y avait à faire. C’est quelque chose qui me trottait dans la tête et que j’avais envie de faire.
Après, je me demandais si je voulais vraiment être mis dans la case des agents, case qui n’est pas toujours remplie par des bonnes personnes. Et en y réfléchissant, je me suis dit qu’il y avait de bons agents et que ce serait bien qu’il y en ait encore de plus en plus. Je me suis donc inscrit à l’École des Agents de Joueurs de Football une fois ma carrière terminée et j’ai rencontré un de mes associés qui dispensait alors des cours dans cette école. On s’est donc associé tous les trois, avec son ami d’enfance, pour créer notre boîte (l’Agence Kemari, Ndlr) ».
Et comment avez-vous, en parallèle, épousé votre rôle de chroniqueur sportif ?
« C’est le hasard. Tout vient de l’idée de Bruno Salomon qui recherchait un ancien joueur pour commenter les matches avec lui sur France Bleu. Il m’a appelé, on a déjeuné ensemble, et le courant est très bien passé. On a tenté et tout s’est très bien passé. On a continué pendant trois ans, au bout d’un an j’avais ma propre émission. J’ai appris sur le tas le métier de la radio. France Bleu a ensuite voulu réduire la voilure sur la retransmission des matches, je me suis donc arrêté. Puis, SFR m’a appelé pour enchaîner avec eux ».
Est-ce simple de concilier les fonctions d’agent de joueurs et de chroniqueur sportif ?
« Je n’ai pas répondu à toutes les sollicitations du côté des médias, j’aurais peut-être pu plus m’y investir. Par exemple, cette année, je vais faire l’After sur RMC le dimanche et lundi soir et commenter un match par weekend. J’aurais pu demander plus, mais je me suis restreint à ça pour justement me laisser du temps toute la semaine pour mon métier d’agent, du lundi matin jusqu’au vendredi soir. En aménageant mon emploi du temps de la sorte, j’arrive à concilier les deux. Après, j’ai aussi à m’occuper de mon fiston et ma vie perso ! Ce qui est sûr, c’est que je ne m’ennuie pas (rires) ».
« Tu peux très bien être objectif : si ton joueur rate quelque chose ou n’est pas très bon ce jour-là, tu peux le dire. Après tout, quand j’endosse uniquement ma casquette d’agent, je me dois aussi d’être critique envers mon joueur après un match. »
Dans la mesure où vous êtes agent, vous pouvez être considéré comme juge et parti lors de vos interventions médias. Comment affronter cela ?
« Je me suis posé cette question, mais je n’y ai pas encore été trop confronté pour l’instant. Honnêtement, les seules fois où cela aurait pu m’arriver, c’est quand je commentais les matches de Ligue 1 avec le PSG avec un de mes joueurs dans le camp adverse. Mais après, c’est ta conscience et ton professionnalisme. Tu peux très bien être objectif : si ton joueur rate quelque chose ou n’est pas très bon ce jour-là, tu peux le dire. Après tout, quand j’endosse uniquement ma casquette d’agent, je me dois aussi d’être critique envers mon joueur après un match. Le fait de rester objectif et neutre ne m’a évidemment jamais posé de problème. Et cela vaut aussi pour ma relation avec les clubs.
Avez-vous un exemple précis en tête ?
Quand tu parles d’un club dans les médias, il suffit de rester cohérent et, honnêtement, tu ne risques pas grand-chose. En ce moment, par exemple, je ne vais pas être le seul à critiquer le comportement de Jean-Michel Aulas. Et ce n’est certainement pas ça qui va m’empêcher de travailler avec Jean-Michel Aulas si on a un joueur à faire ensemble. Il le sait très bien, on ne peut pas être d’accord sur tout. Sur le fond, on est libre de penser ce qu’on veut ».
Pensez-vous que le métier de chroniqueur sportif vous apporte un plus en tant qu’agent, et réciproquement ?
« Oui, clairement. Le monde du ballon rond est aujourd’hui indissociable de celui des médias. On le voit, les joueurs sont en permanence sur les réseaux sociaux, les clubs ont leur propre communication et recherchent la communication. Du coup, les deux me servent. Je connais aujourd’hui plein de journalistes, je connais les méthodes de fonctionnement des journalistes. Il faut aussi s’en servir, ça permet de mettre parfois en valeur des joueurs. Les deux ne sont clairement pas indissociables. Moi, je m’éclate dans les deux métiers, qui sont complètement différents. Ce n’est pas du tout le même rôle, les deux sont intéressants ».
Agentfootball.fr remercie chaleureusement Pierre Ducrocq d’avoir pris le temps de nous éclairer sur la façon de mener de front une carrière d’agent sportif mais aussi de consultant dans les médias. Pour suivre Pierre Ducrocq, rendez-vous sur Twitter @PDucrocq