En période de mercato, le rôle des agents sportifs est évidemment primordial. Tous ont leurs propres méthodes de travail. Certains sont présents dans les médias, d’autres préfèrent travailler dans l’ombre. Et puis, sur le fonctionnement des transferts en eux-mêmes, la aussi cela change d’un agent de joueur à un autre.
Entre ceux qui travaillent pour établir un vrai plan de carrière à leurs joueurs et ceux qui préfèrent miser sur des “one shot”, parfois les deux en même temps, le monde des agents sportifs est divisé. Qui sont les bons, qui sont les mauvais ? Pourquoi les méthodes de travail diffèrent-elles ? « Pour résumer, les bons agents de footballeurs sont rares mais il faut arrêter de les prendre pour des faiseurs de miracle. Cela ne peut qu’encourager la spéculation et la déresponsabilisation des joueurs et de l’individu plus généralement », confie Romain Molina, journaliste auteur du livre « Galères Football Club », qui a rencontré de nombreux joueurs en difficulté, parfois à cause de leur « agent ».
1 – Le danger des « proches »
On pointe souvent du doigt les « agents sportifs », sans préciser s’ils sont détenteurs de la licence FFF, ou de simples intermédiaires dont l’activité est illégale en France mais qui on ne sait par qu’elle miracle exercent néanmoins. La faute aux instances, aux clubs ou aux joueurs et à leurs familles ? Ils utilisent le plus souvent un prête-nom pour pouvoir encaisser les commissions. Il est assez fréquent de retrouver les intermédiaires dans l’entourage des joueurs, des proches ou de la famille. Romain Molina confirme: « La plus grosse plaie du football, c’est la misère humaine. Je crois beaucoup au génie humain, au fait que nous pouvons agir avec bonté. Mais dès que l’argent, la vanité et le pouvoir se greffent à l’Homme, on retrouve plus sa misère, son horreur. Tous les proches, ou prétendus proches des joueurs, qui suçotent le sang et les pensées… J’ai une saine horreur de tout ça. Les pseudos attachés de presse, les mecs fumant du shit à longueur de journée et s’improvisant agent car il est l’ami du cousin du joueur sur fond pseudo-communautariste… Qu’est-ce qu’on peut être abominable. L’agent, le vrai, ce n’est pas ça. Même si, attention, on a de plus en plus de communautarisme dans la profession aussi. Récemment, j’entendais un agent faire son recrutement sur le fait qu’il était « noir et musulman ». Mais ce n’est pas le football le responsable pour le coup, il est otage d’une dégénérescence sociétale ».
».
« Il faut arrêter de prendre les (bons) agents sportifs pour des faiseurs de miracle »
2 – Un vrai plan de carrière
Comment distinguer un agent de footballeur licencié par la Fédération Française de Football qui a choisi ce métier pour s’occuper de la carrière de ses joueurs d’un agent qui n’est là que pour encaisser les commissions sur des one-shots ? Dans un article récent paru dans France Football, on apprend que le transfert du Lillois Sehrou Guirassy à Cologne est retardé en raison d’« imbroglios entre plusieurs intermédiaires ». Dans certains cas, des agents sportifs, qui ne s’occupent pas du joueur, sont mandatés par les clubs parce qu’ils sont en mesure de vendre ou faire venir un joueur rapidement. L’agent sportif officiel se retrouve alors hors-course. Éthique bafouée, métier souillé, et c’est l’image du football qui souffre dans son ensemble. C’est là que les problèmes commencent et rendent les transferts beaucoup plus compliqués que prévu.
« Le boulot d’agent de joueur est souvent délicat, admet Romain Molina. Il y a de vrais bons agents sportifs qui ne font pas seulement de la spéculation boursière avec les joueurs et les clubs, évidemment. De toute façon, tu vois le bon agent quand ça va mal et dans l’accompagnement d’une carrière, pas sur un coup one-shot. Quelle structure mettre en place avec le joueur ? Quel plan de carrière ? Comment parvenir à le faire progresser ? Ce n’est pas « allons au bras de fer » comme beaucoup, ce qui ruine la réputation de l’agent sportif et du joueur.
Enfin, c’est un joyeux tohu-bohu pour moi et ce que je regrette, c’est de voir la toute-puissance de certains grâce à la presse. Quand tu vois les « infos » sortir, les commissions données à tel ou tel mec. Quel scandale. Ça me fait penser à Christophe Hutteau disant dans une lettre que des joueurs de l’est, notamment de Biélorussie, étaient prêts à toucher moins en jouant en France. Les mecs étaient à 1 000 euros par mois limite et n’étaient même pas des bons joueurs de leur championnat. Cela n’a pas empêché certains médias de faire des portraits laudatifs d’eux, ce qui a entraîné d’autres reprises et la curiosité des clubs. ».