Le media training est devenu un atout majeur pour les joueurs qui souhaitent développer leur communication, ou tout simplement la maîtriser. Tout le monde a encore en tête les déboires récents de Serge Aurier sur les réseaux sociaux, ou les interviews peu maîtrisées de joueurs visiblement perdus devant la caméra. Dans un marché des transferts où l’image que renvoient les joueurs fait partie intégrante de la négociation d’un contrat, le media training se positionne comme un nouvel enjeu massif de la communication des joueurs de football.
1 – Media training, pour quoi faire ?
L’objectif d’un media training réussi pour le joueur est simple : véhiculer une image positive auprès du public, mais aussi des clubs, qui développent un intérêt croissant pour les joueurs à la communication soignée. Ainsi, un joueur capable de maîtriser sa gestuelle et son phrasé en interview permettra au club pour lequel il joue de disposer d’un ambassadeur de choix auprès des médias. De plus, le joueur marquera l’esprit du public en se distinguant du cliché trop souvent répandu des joueurs incapables de s’exprimer correctement. À l’heure du sport business et du tout-marketing, cela représente pour les joueurs comme pour les clubs une potentielle manne financière non-négligeable.
L’image du footballeur du XXIème siècle peut être bankable si elle est positive, mais aussi désastreuse lorsqu’elle est négative. Par exemple, un joueur ingérable en interview ne sachant pas maîtriser ses émotions à l’égard de ses coéquipiers peut très vite perdre le soutien du vestiaire et nuire à sa propre situation sportive.
C’est la raison pour laquelle de nombreux footballeurs professionnels font désormais appel à des agences de communication. Citons le cas de Youssef Ait Bennasser, prêté lors du mercato estival 2017 à Caen par Monaco, qui a fait appel aux services de l’Agence STO, basée à Lyon, afin d’optimiser sa communication. Joueur à fort potentiel, il est indispensable pour lui de disposer d’une communication adaptée qui accompagne sa progression sportive. L’agence conseille également un joueur au profil différent : Dimitri Foulquier, prêté cette saison par Watford à Strasbourg. Après plusieurs années passées à l’étranger (Espagne, Angleterre), il s’agit pour lui de gagner en notoriété en France afin de faire évoluer son image de façon positive dans l’Hexagone. Ainsi, à chaque situation sportive peut correspondre un media training différent. Le tout pour le conseiller du joueur, qu’il soit son communiquant ou son agent, est de fournir à chacun des sportifs un conseil personnalisé adéquat.
«L’image du footballeur du XXIème siècle peut être bankable si elle est positive, mais aussi désastreuse lorsqu’elle est négative. »
2 – Réseaux sociaux : la nouvelle donne du media training
Impossible de parler de media training sans évoquer la place prépondérante qu’ont pris les réseaux sociaux dans la communication des joueurs. Un pan entier de leur image dépend désormais de leur activité sur Facebook, Instagram et Twitter. Pour eux, il s’agit d’adapter leur communication en fonction de l’outil concerné. En cela, être assisté par un professionnel du media training permet de s’adapter au mieux. Ainsi, Instagram est un média qui fait la part belle au contenu dit “positif”. Une vidéo d’entrainement avec les coéquipiers, une photo dans l’avion lors d’un déplacement pour un match. Les utilisateurs raffolent de ce type de contenu qui leur fait partager au quotidien la vie du footballeur. Twitter en revanche permet l’interpellation. Les sportifs peuvent réagir aux publications d’autres sportifs, ou à celle de leur communauté de fans. Sur Facebook, les joueurs peuvent informer leurs abonnés sur l’évolution de leur carrière, ou partager leur point de vue sur l’actualité du club.
Il ne suffit pas d’être jeune et connecté comme la majeure partie des sportifs de haut niveau pour être pertinent sur les réseaux sociaux. Gaëlle Laurent a créé son agence de communication, Eleven Agency, dans l’optique d’aider les joueurs à maîtriser des supports numériques plus complexes qu’en apparence. La première des missions de conseil consiste en un rôle de connaissance des “social medias”, afin d’éviter les bourdes aux conséquences fâcheuses pour les joueurs. Savoir que l’application Periscope filme en direct ou qu’un tweet une fois posté est gravé dans le marbre par toutes les captures d’écrans faites par les internautes… Un joueur de football réunissant autour de son nom une communauté importante, il est important pour lui de comprendre l’impact que peut avoir son activité sur les réseaux sociaux. Aussi, avant même de parler plus-value marketing, un bon conseil media training doit mettre en garde les sportifs concernant l’utilisation des nouvelles technologies de communication.
3 – Media training, or not media training ?
Il est évident que le media training prend de plus en plus place dans le conseil auprès des sportifs de haut niveau. La question sous-jacente est la suivante : le media training est-il en train d’uniformiser la communication sportive ? Au vu de certaines interviews en zone mixte à la sortie des matchs, la question est légitime. Les réponses sont parfois vides de sens, et répétées à la chaîne. “L’important c’est les trois points”, “On va continuer à travailler”, “Prenons les matchs les uns après les autres”… Autant d’expressions utilisées mille et une fois, qui ne veulent plus rien dire. De nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer les conseillers en communication qui confisqueraient la parole des sportifs.
Pour autant, ce constat ce semble pas être exact. Tous les sportifs ne sont pas des communiquants nés. Mieux vaut pour eux ré-utiliser des phrases éculées plutôt que de faire une sortie non-maîtrisée qui pourra leur nuire comme à l’image de leur employeur. De même, avoir un conseiller en media training à ses côtés permet au joueur de se rassurer, et d’être concentré sur l’essentiel, à savoir ses performances sur le rectangle vert, ballon au pied. On ne peut enfin négliger l’aspect marketing du media training. À terme, un joueur à la communication décalée et assumée ou systématiquement positif sur Instagram ou Facebook peut voir son parti pris de communication devenir source de revenus publicitaires.