Le métier d’agent de joueur a toujours fasciné. Certains n’hésitent pas à le brocarder, exemples de déviance à l’appui. A l’inverse, d’autres rêveraient d’endosser le costume d’agent sportif, success story dans le viseur. Mais qui de mieux qu’un professionnel du ballon rond comme Didier Tholot pour donner son point de vue sur le métier ?
A maintenant 54 ans et fraîchement nommé à la tête de l’AS Nancy-Lorraine, Didier Tholot a connu bien des agents. Que ce soit en tant que joueur ou comme entraîneur, le natif de Feurs a pu se familiariser avec la profession. Et forcément, cela lui a permis d’acquérir un regard critique sur le métier et, parfois, ses travers.
Comment devient-on un bon agent selon Didier Tholot ? Quelle est l’expérience la plus farfelue qu’il ait connue avec un agent de joueurs ? Quels conseils peut-il donner aux apprentis agents ? Pour agentfootball.fr, Didier Tholot se livre.
Quel regard portez-vous sur les agents sportifs ?
« C’est un métier particulier, que je n’aurais pas pu faire. Il faut avoir beaucoup de relations. Si un agent ne fait pas un joueur, il va lui permettre d’avoir une carrière peut-être différente ».
Que retenez-vous de vos expériences avec les agents ?
« Aujourd’hui, le métier d’agent n’est pas forcément assez réglementé. Beaucoup d’agents font du très bon boulot et bossent comme il faut. Mais il y a plein d’intermédiaires qui se greffent là-dessus. Et c’est facile de dire à un joueur qu’il est fort, que s’il ne joue pas c’est à cause du coach… Quand un agent est honnête et ne vend pas la lune à un joueur, c’est très bien. Mais dès qu’il commence à la vendre, ça devient un peu compliqué ».
« Ce n’est pas parce que je vais travailler avec un agent que je vais ensuite forcément prendre ses joueurs. »
Auriez-vous une anecdote avec un agent à nous raconter ?
« Je me souviens, quand j’étais à Sion, d’un agent brésilien. On était à la recherche de bons joueurs brésiliens et j’avais défini quelques profils. Un couloir droit qui allait très vite et un attaquant de pivot capable de garder les ballons. C’était bien identifié au départ.
Mais quand ils sont arrivés en Suisse… Il y en a un qui était gaucher et qui n’allait pas vite (rires) ! Quant à l’autre, c’était un attaquant en pivot qui devait mesurer 1m20 (rires) ! Ce qui me gêne, c’est qu’on peut vendre un champion du monde alors qu’il faut rester réaliste quant aux qualités du joueur ».
Certains entraîneurs s’entourent d’agents, d’autres non. Quelle est votre position ?
« Disons que pour négocier mes contrats ou chercher un club, le mieux est d’avoir un agent. Mais ce n’est pas parce que je vais travailler avec un agent que je vais ensuite forcément prendre ses joueurs. Moi, c’est la qualité des joueurs qui m’intéresse, pas le fait que ce soit ses joueurs. Je ne suis pas du tout barré par ça, sinon on s’enferme dans quelque chose d’invivable. Si vous faites plaisir à quelqu’un, vous le paierez après. Donc moi, ce qui m’intéresse, c’est juste la qualité du joueur. Qu’il soit avec un agent ou un autre, je m’en fous ».
Si vous deviez résumer votre point de vue. Qu’est-ce qu’un bon agent selon vous ?
« Le bon agent, c’est celui qui ne dit pas de conneries aux joueurs. Celui qui ne va pas faire miroiter la lune aux joueurs. Il faut aussi ne pas être là que dans les bons moments. Un joueur, comme un entraîneur, a besoin de discuter, d’avoir quelqu’un quand ça ne va pas. Il faut savoir conseiller le joueur, et pas seulement quand tout va bien. Il faut montrer de l’attention envers son client, c’est ça le plus important. Une relation de confiance et de proximité avec son écurie, c’est important. Les agents qui ont 50 joueurs vont forcément en laisser 10 ou 15 sur le côté ».
Agentfootball.fr remercie chaleureusement Didier Tholot de nous avoir donné sa vision du métier d’agent. Pour suivre Didier Tholot, rendez-vous sur Twitter @DidierTholot.