Au lendemain de la qualification de son équipe pour la finale de la coupe de la Ligue, Sébastien Corchia a retrouvé le stade Pierre-Mauroy, dans les salons cette fois, pour s’adresser aux futurs étudiants de l’école des agents de joueurs de foot (EAJF). Souriant et disponible, comme à son habitude, le défenseur lillois s’est exprimé pendant plus d’une demi-heure sur ses relations avec son agent sportif et distillé quelques conseils à celles et ceux qui souhaitent en faire leur métier.
Comment les joueurs de foot perçoivent-ils les agents sportifs qui les démarchent ? Comment choisissent-ils celui à qui ils vont confier leur carrière sportive ? Que délèguent-ils aux agents ? Pour agentfootball.fr, Sébastien Corchia révèle les secrets des relations entre joueurs de foot pros et leur agent sportif.
A quel âge avez-vous eu votre premier agent sportif ?
« J’avais 16 ans. A l’époque, l’agent n’était pas un inconnu dans mon entourage familial. La décision finale, je l’ai prise avec mes parents. Mais de manière générale, c’est toujours le joueur qui a le dernier mot. Je savais que c’était quelqu’un de bien, mon choix a sans doute été plus facile. Quand on ne connait pas, il faut faire le bon choix et ce n’est pas évident. On a besoin d’avoir une confiance totale en son agent ».
Conseillez-vous un agent sportif qui possède un large portefeuille de joueurs ou l’inverse ?
« Moi, je préfère un agent sportif qui n’a pas énormément de joueurs. C’est évident, il aura plus de temps à vous consacrer qu’un agent de joueur qui gère vingt sportifs. Pour moi, un agent sportif doit être disponible et avoir le temps d’aller à la rencontre de son joueur assez souvent » (lire l’article : mon agent disait être trop occupé avec ses joueurs pros).
Comment les agents sportifs sont-ils perçus dans les clubs ?
« En général, les clubs ne laissent pas entrer tous les agents et ça peut vite devenir compliqué pour placer un joueur, par exemple. Les dirigeants ont l’habitude de travailler avec certains agents, ils ont confiance en eux parce que les transactions se passent bien et par conséquent, la tache devient plus difficile pour d’autres agents ».
« C’est notre carrière qui est en jeu. Il faut faire les bons choix. »
Les agents sportifs sont-ils un sujet de discussion dans le vestiaire ?
« Il arrive que certains joueurs cherchent un agent et nous en parlent. Du coup, on discute et donne notre avis. On essaye de le conseiller au mieux. Mais ce n’est pas une discussion habituelle dans le vestiaire ».
Que faites-vous en premier quand un agent sportif vous contacte ?
« On se renseigne sur ce qu’il fait, on regarde avec quels joueurs il travaille, dans quels pays il est capable d’intervenir, toutes ces choses-là. La réputation d’un agent de joueur est très importante ».
Un joueur change-t-il d’agent sportif si son réseau lui paraît limité, pas à la hauteur de ses ambitions ?
« Certains joueurs vont privilégier leur carrière et quitter leur agent pour aller vers un autre, dont le réseau est peut-être plus important. D’autres préfèreront garder leur agent quoi qu’il arrive parce qu’ils sont particulièrement proches ou qu’ils travaillent ensemble depuis longtemps. Après, dans tous les cas, on réfléchit. C’est notre carrière qui est en jeu. Il faut faire les bons choix ».
Un agent a besoin d’un mandat pour travailler pour un joueur ; cela vous pose-t-il problème ?
« En ce qui concerne les mandats, les joueurs ont toujours tendance à se méfier. On ne sait jamais trop si l’agent a vraiment une offre à formuler ou s’il essaye de vous faire signer sans avoir vraiment de pistes derrière. Dans ce cas-là, moi je préfère un agent mandaté par un club, qui cherche tel profil de joueur à tel poste. C’est beaucoup plus concret, on sait que ce ne sont pas des paroles en l’air. Le club cherche quelqu’un et demande à un agent sportif de trouver le joueur ».
« Je sais que mon agent gère aussi les questions d’image mais avec moi, c’est plutôt le sportif. »
Avez-vous déjà refusé de signer un mandat ?
« Oui, il m’est arrivé d’être démarché par un agent qui m’a rapidement demandé de signer un mandat et j’ai refusé. Tout dépend de la situation à ce moment-là. Mais il existe aussi des mandats de courte durée, quinze jours par exemple. Dans tous les cas, on essaye de savoir si c’est une vraie démarche ou si c’est pour tenter un coup dans un club ».
Que déléguez-vous à votre agent sportif ?
« La partie sportive. Je sais que mon agent gère aussi les questions d’image mais avec moi, c’est plutôt le sportif. Maintenant, proposer d’autres domaines d’action peut être intéressant pour un joueur, comme la gestion de patrimoine par exemple. Dans ce domaine-là, je travaille avec une autre personne. Tout dépend des joueurs et des agents en fait ».