Le cas du droit d’image de Paul Pogba, un cas d’école à faire lire et relire à tous les sportifs de haut niveau.
Derrière des performances sportives en demi-teinte se cachent souvent des problèmes personnels dont les journalistes n’ont pas connaissance ou dont ils refusent de parler quand il s’agit de vie privée. Ainsi un joueur de la Juventus Turin vient de se libérer d’un lourd fardeau : depuis novembre 2014, Paul Pogba était privé de son droit d’image, qu’il avait intégralement cédés à son tout premier agent, Oualid Tanazefti, ex-recruteur du Havre qui s’est longtemps occupé de son « protégé » avant que l’oiseau ne se réfugie sous l’aile protectrice du puissant Mino Raiola (agent de Zlatan Ibrahimovic, entre autres).
Moyennant la coquette somme de dix millions d’euros, soit la valeur estimée de l’image du joueur à l’heure actuelle, l’ex-agent de Pogba a donc accepté de casser le fameux contrat de droit d’image qui empoisonnait la vie de l’international français depuis plus d’un an et demi.
Que signifie cette notion de droit d’image pour un sportif de haut niveau ? Que représente-t-elle et surtout qu’apporte-t-elle ? Comment les joueurs la gère-t-elle ? A travers les péripéties de Paul Pogba, Agentfootball.fr décrypte une notion essentielle du football moderne.
1 – L’image du sportif : définition
L’image des sportifs professionnels, les footballeurs en tête, est un vecteur financier qui peut faire tourner certaines têtes. Dans ce contexte, on oublie un instant la notion de maillot, de short et de ballon. C’est davantage de notoriété dont il est question.
Même si l’aspect physique a toute son importance, il ne s’agit pas seulement d’une question d’esthétique. Comment l’homme, qui est aussi un joueur, se démarque-t-il au quotidien ? Quelles valeurs véhicule-t-il ? Comment le grand public perçoit-il les traits de sa personnalité ? Ce sont ces notions qui vont définir l’image d’un sportif.
Le sportif qui, comme chaque individu, a le droit de se préserver des atteintes portées à son image : c’est son image strictement individuelle. Quel que soit son club, le sportif garde la maîtrise de son image qu’il gère et commercialise à sa guise. Il est de plus en plus fréquent pour les sportifs de haut niveau, de se faire accompagner par des professionnels de la communication pour développer et faire fructifier leur image, même si les agents ont également un rôle dans ce domaine.
Le droit d’image personnelle est une notion fondamentale du droit français.
2 – Pourquoi créer une société de droit d’image ?
Lorsqu’ils commencent à avoir une valeur marchande au point de susciter l’intérêt de potentiels sponsors, la plupart des footballeurs créent une société d’image, qui porte en général leur nom ou initiales. Une entité à part entière qui possède l’intégralité des droits d’image du sportif : elle permet d’encaisser les dotations financières des partenaires. On peut ainsi évaluer la valeur de l’image du joueur : elle est égale à la somme qui se trouve sur le compte de la société.
Dans un cas comme celui de Paul Pogba, on comprend encore mieux le mécanisme de désolidarisation. D’un côté, le joueur ; de l’autre son image. Un club pouvait acheter le joueur, c’est-à-dire l’athlète qui court sur le terrain avec un maillot précis sur le dos et payé pour marquer des buts. Un tiers ou une société pouvait, dans un second temps, acheter les droits d’image du joueur et les commercialiser à sa guise. Le nom et l’image de Pogba auraient pu être utilisés à toutes fins possibles et inimaginables : du classique contrat d’équipementier aux marques les plus farfelues, sans que le joueur/l’homme ne puisse s’y opposer.
3 – Comment les sportifs doivent-ils se protéger ?
Le cas Pogba est un cas d’école, à faire lire et relire à tous les sportifs de haut niveau. Le droit d’image personnelle est une notion fondamentale du droit français : « Le droit d’une personne sur son image est protégé en tant qu’attribut de sa personnalité. Toute personne, célèbre ou anonyme, peut s’opposer à l’utilisation de son image sans son autorisation, sauf exceptions. En cas de non-respect de ce principe, la personne peut obtenir réparation du préjudice subi auprès des tribunaux ».
Qu’il ait crée une société détentrice de ses droits d’images ou pas, le sportif ne doit, en aucun cas, les céder à une tierce personne. Son conseiller, agent ou avocat mandataire sportif, doit absolument le guider et le protéger en ce sens.
Avec Pogba, on constate aussi que les plus gros sponsors veulent à tout prix éviter ce genre de situation bancale où le joueur et son image sont deux entités différentes. Le détenteur des droits d’image pourrait donc être en position de force sans toutefois en tirer grand profit à l’instant présent. Il sera toujours temps pour lui de céder… Contre quelques milliers ou millions d’euros.
Selon le média italien la Gazetta Dello Sport, le montant du sponsoring avoisinerait les 40 millions d’euros sur une période de 10 ans. L’équipementier Adidas a également dévoilé une chaussure à l’effigie du Bianconeri.
Alors, cet article vous aide-t-il à y voir plus clair sur la gestion des droits d’image des sportifs de haut niveau ?