Neymar au Paris Saint-Germain, voilà le transfert le plus cher de l’histoire du football. Pour 222 M€, le club de la capitale s’est offert la star brésilienne qui évoluait jusqu’alors au Barça. Un nouveau coup d’éclat dans un mercato assez ouvert, et où les sommes colossales deviennent de plus en plus banales.
Le marché des transferts n’est pas encore terminé, et il se pourrait que quelques mouvements importants se produisent encore. Agent sportif FFF, Pascal Elbaz a lui aussi participé à quelques transactions depuis le début de l’été, et a pu placer certains de ses éléments. Il nous en dit plus sur le métier d’agent de joueur en période de mercato.
Comment gérer la folie du mercato ? Comment préparer un transfert en amont ? Quelle va être la suite de ce passionnant feuilleton qu’est le mercato ? Pour agentfootball.fr, il nous dévoile les coulisses de son mercato.
Question toute simple. Pour un agent, qu’est-ce qu’un bon mercato ?
« Un bon mercato, c’est déjà un mercato où l’on fait des transferts. Il faut être honnête, on vit de ça. Mais c’est surtout un mercato où l’on trouve les meilleurs projets pour nos joueurs. Quand on fait un transfert, on n’a jamais de garantie que ça se passera bien à 100% dans le club où le joueur évoluera, et ce quel que soit le joueur. Il y a toujours une incertitude : le joueur s’adaptera-t-il au style de l’équipe ? Sera-t-il aussi performant dans sa nouvelle équipe ? Réussira-t-il à franchir un palier ?
En tant qu’agent de footballeurs, on cherche le projet qui correspond le plus au joueur aussi bien sportivement que financièrement. Une carrière est courte, il faut donc que le joueur puisse en vivre. Mais il faut aussi que le projet sportif soit intéressant pour lui. Le challenge, c’est de faire des transferts dans un club où le joueur aura le plus de chances de jouer. C’est un challenge pour nous les agents de joueurs en période de mercato. Après, il y a aussi des joueurs qui peuvent très bien réussir dans leur club. On n’est pas obligé de les bouger ».
Comment se passe ce mercato estival 2017 pour vous en tant qu’agent sportif ?
« On se situe dans une seconde période du mercato. Après une première période très agitée, on est dans une période où les clubs finissent leur préparation pour débuter les championnats quand certains ont même déjà commencé. On va rentrer dans une troisième phase, avec la finalisation de certains dossiers et notamment certains prêts avec des clubs qui attendent vraiment le dernier moment pour obtenir les meilleurs joueurs aux meilleurs tarifs.
Pour être le plus transparent possible, cette dernière phase permet aussi aux joueurs d’avoir plus de garanties sur l’évolution de l’effectif. Arrivé en fin de mercato on sait que, si on vient les chercher, c’est que les clubs ont quand même vraiment des besoins et qu’ils ont donc plus de chances de jouer ».
Vous avez connu une première période assez agitée avec le prêt de Jean-Philippe Mateta au Havre, mais aussi par exemple les transferts d’Adrien Tameze à l’OGC Nice et de Bingourou Kamara à Strasbourg. Comment se passe cette première phase assez intense ?
« En fait, ce qu’il faut savoir, c’est que ça commence bien avant l’ouverture du mercato. Ce sont des joueurs qui sont suivis. Par exemple, pour Adrien Tameze, il était scouté depuis le mois d’août 2016. Il a été repéré par différents clubs et suivi par différents clubs qui sont allés le voir que ce soit à domicile ou à l’extérieur plusieurs fois pendant la saison avant de s’activer assez rapidement pour avoir le joueur au meilleur prix. Car pour avoir le joueur au meilleur tarif, il faut parfois attaquer très tôt pour éviter la concurrence et la flambée des prix.
Pour Bingourou Kamara, Strasbourg est venu le voir avec moi lors d’un match contre le Red Star. Ils ont pu voir l’étendue de son talent. Ils l’ont au total supervisé pas mal de fois, et ils ont aussi pu en savoir plus sur sa personnalité. Pour lui, c’est un projet de carrière. Il avait signé son premier contrat pro à Tours, son club formateur. Puis, il a disputé 87 matches en pro, ce qui est énorme pour un 96. Il fallait franchir un palier supplémentaire en étant numéro 1 en Ligue 1.
Pour ce qui est de Jean-Philippe Mateta, c’est encore un autre projet. En septembre 2016, on avait signé à Lyon pour 5 ans. Le but était de le préparer au très haut niveau en faisant une première saison à Lyon en étant avec le groupe pro en se préparant pour le futur. Comme il est devenu international U19 français (3 capes), l’objectif était de lui faire passer une deuxième étape en obtenant un maximum de temps de jeu. Il a donc été prêté au Havre. Ce qu’il faut savoir, c’est que beaucoup de clubs étaient intéressés par Jean-Philippe. Mais Le Havre s’était manifesté le plus tôt dans l’année. Dès le mercato hivernal, le club avait commencé à prendre des informations pour savoir si un prêt estival était possible ».
« En tant qu’agent de footballeurs, on cherche le projet qui correspond le plus au joueur aussi bien sportivement que financièrement. »
Vous l’avez dit, un mercato se prépare en amont. Mais comment ?
« Il y a des heures au téléphone avec les clubs, mais c’est aussi l’occasion d’aller aux matches avec les clubs. Les clubs ont besoin d’avoir des infos sur la personnalité du joueur, sur sa famille, sur son comportement en général, sur son attitude dans le vestiaire, etc. Sportivement, les clubs peuvent faire superviser les joueurs plusieurs fois par des personnes différentes pour avoir des avis différents et même parfois aux entraînements. Les joueurs ne le savent pas toujours d’ailleurs mais il y a des clubs qui viennent voir l’attitude du joueur à l’entraînement.
Parfois, un transfert se prépare un an à l’avance. Nous, de notre côté, si on apprend qu’un club recherche un milieu défensif et qu’on estime avoir un milieu défensif qui correspond au profil recherché, on va inciter le club à aller voir notre joueur et, si ça les intéresse, on rentre alors dans une période de tractations. C’est un travail fait sur toute une saison avec mes associés, on travaille sur la mentalité du joueur, les exigences qu’il y a pour le très haut niveau, et on essaie de façonner le joueur pour qu’il puisse signer dans un club de plus grand standing ».
Pour un agent sportif, le mercato est-il la période la plus stressante ?
« C’est une période stressante. S’il y a des deals préparés longtemps à l’avance, il y a aussi des négociations de club à club qui peuvent démarrer plus tard et prendre un peu plus de temps. Il peut y avoir des rebondissements, des accélérations, des ralentissements, voire un calme plat. La période est comme ça, les clubs ont un budget à respecter et les clubs doivent donc jongler avec les chiffres pour mener à bien tout leur recrutement ».
Comment voyez-vous cette dernière ligne droite de mercato pour vous ?
« Il nous reste encore, pour moi et mes associés, quelques joueurs à placer et quelques dossiers à conclure. Je pense que, dans les 2-3 prochaines semaines, ça va repartir. Il y a des clubs qui vont attendre de faire une ou deux journées de championnat avant de mesurer les réels besoins qu’ils ont dans leur effectif. En fonction de leur démarrage, ça va inciter des clubs à prendre certains joueurs. Ces matches permettent aussi à certains coaches de montrer qu’ils ne pourront pas avoir les résultats escomptés au vu de leur effectif. Pour ces raisons, on sait que ça va repartir dans les 2-3 prochaines semaines ».
Agentfootball.fr remercie chaleureusement Pascal Elbaz d’avoir pris le temps de nous éclairer sur la période intense que constitue le mercato pour un agent sportif.
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